Les races locales, une réponse « Une Seule Santé / One Health » à la crise agricole ? L’exemple de la vache Nantaise
Le concept Une Seule Santé
C’est une approche qui met en lumière les relations entre la santé humaine, la santé animale et les écosystèmes. Elle fait le lien entre l’écologie et la médecine humaine et vétérinaire. (1)
La préservation de l’environnement, motif d’installation de nouveaux éleveurs
Même si chacun a ses raisons pour s’installer éleveur de vache Nantaise (2), une revient souvent : participer à la préservation et la restauration des zones humides, un milieu fragile présent dans le département de Loire-Atlantique. Une réponse individuelle concrète aux enjeux environnementaux de notre siècle !
De plus, les conditions d’élevages favorisent la biodiversité :
- Agriculture biologique sans intrants chimiques ;
- Alimentation majoritairement à l’herbe qui permet le maintien de prairies naturelles (peu ou pas de concentrés) ;
- Favorisation des IAE : Infrastructures Agro-Ecologiques : prairies, haies, arbres, mares, cours d’eau, etc… ;
- Chargement (nombre de bovins par surface) adapté pour éviter le piétinement des sols et le sur-pâturage (0,75 UGB/hectare). Les vaches sont régulièrement changées de pâtures : c’est le « pâturage tournant dynamique ».
Les associations de protection de la nature ont toute leur place dans ces fermes, où dans certains cas les naturalistes peuvent venir faire des inventaires de biodiversité. Ils s’intéressent à la flore ou à la faune, par exemple aux amphibiens et reptiles, protégés en France (3). Des dialogues citoyens peuvent être mis en place (le DPN de la LPO) pour continuer à progresser (4).
L’enjeu principal pour les éleveurs ? Etre rémunéré pour la préservation des milieux, qui offrent des services bénéfiques à tous : régulation du climat, maintien de la qualité d’eau et des sols.
Des éleveurs épanouis
Quand on échange avec eux, on s’aperçoit rapidement que les éleveurs de la Nantaise sont épanouis et fiers de leur métier. Ce qui les motive ? Pour Grégoire, présent au festival Mo Low organisé par les Bouillonnantes (5) : « la façon de travailler, le cadre de vie, les projets agro-écologiques et la relation avec la vache Nantaise ».
Evoquée également, la flexibilité, qui permet une meilleure intégration de la vie personnelle aux journées de travail. Ou encore les liens forts tissés avec les animaux, qui apportent beaucoup aux éleveurs. Les éleveurs trouvent aussi des relations enrichissantes au sein de l’association de producteurs. Elle a permis à la filière de se structurer, principalement en circuit court, pour sécuriser les débouchés. Mais les supermarchés locaux ont également été intéressés par la Nantaise !
Le défi ? Trouver de nouvelles manières de travail, en s’inspirant des méthodes pré-industrielles (maintien des haies par exemple). Mais pas facile de gérer seul une surface qui occupait toute une famille au début du XXème ! Un apprentissage mutuel entre l’éleveur et les êtres vivants de son « agro-écosystème » est nécessaire afin de retrouver un équilibre. Il faut être patient !
La Nantaise, une vache heureuse ?
Crédit photo : Paul Stefanaggi
La Nantaise a évolué avec son terroir, et est particulièrement adaptée aux zones humides, qui déplaisent aux races « classiques ». Polyvalente, elle a pu être utilisée pour sa viande, son lait et sa facilité de travail (traction). Principalement élevée pour sa viande, une filière laitière restructurée est à l’étude !
Côté bien-être animal, les besoins physiologiques sont respectés grâce à une alimentation essentiellement à l’herbe. Le pâturage leur permet d’avoir l’espace nécessaire pour exprimer leurs comportements naturels. La Nantaise vit longtemps : parfois presque 20 ans chez Grégoire ! Il a donc tout le temps d’apprendre à connaitre ses animaux.
La communication est primordiale, et se passe parfois de mots. Je suis touchée de l’entendre dire qu’ils « se parlent avec le cœur ».
Quant aux veaux, ils sont bien loin des conditions d’élevage classiques. Pas d’écornage ou d’ébourgeonnage en routine, élevés avec leur mère, et avec un accès aux prairies. Ceci évite les risques d’anémie, fréquents chez leurs homologues conventionnels. La conséquence ? Une viande plus rosée que blanche, à laquelle il faut sensibiliser le consommateur.
Enfin, un projet d’abattage mobile AALVIE (6), qui s’inscrit dans le PAT (Projet Alimentaire Territorial), permettra à terme un abattage des animaux à la ferme via un caisson mobile. Exit le stress lié au transport ! Cela permettra également d’éviter l’environnement de l’abattoir, liés à des émotions négatives (endroit inconnu, congénères inconnus, environnement bruyant, etc).
Les collectivités ont donc leur rôle à jouer dans la transition écologique !
Vous avez été intéressés par ce projet ? Vous a-t-il inspiré ? Je suis très intéressée par vos retours => mail contact@biodiveto.fr
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Références et liens utiles :
(1) Concept One Health https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/contribution_conseil_scientifique_8_fevrier_2022_one_health.pdf
(2) Le site de la vache Nantaise https://www.vachenantaise.com/accueil.html
(3) Amphibiens et reptiles protégés https://inpn.mnhn.fr/actualites/lire/12401/
(4) DPN : Dialogue Permanent pour la Nature de la LPO (Paysans de Nature) https://www.paysansdenature.fr/paysans-de-nature-presentation/les-outils-du-projet-paysans-de-nature/valoriser-les-experiences-reussies-et-les-faire-vivre/visites-de-fermes-participatives/
(5) Association les Bouillonnantes, pour une alimentation durable humaine et solidaire https://les-bouillonnantes.com/
(6) Projet abattoir mobile https://www.aalvie.com/